Bonjour
Parce qu'à un moment il faut bien mettre les mots sur ce que j'ai vécu et expliquer aussi la raison de mon absence je vais expliquer ce qu'il s'est passé ce jour là.
Jeudi 30 mars , il fait beau. Je n'ai pas encore repris le travail et vers 11h je décide de sortir avec Princesse pour aller faire quelques petites courses au marché. Je la mets dans son écharpe de portage et nous voilà dehors.
En route, à environ 100m de chez moi je m'arrête pour réorganiser mon bazars. Je prends mon téléphone en main pour appeler une amie. Je change assez vite d'avis en me disant que marcher avec le téléphone en main n'est pas forcément une bonne idée car je risque fort de le laisser tomber.
Tout d'un coup, je ressens un coup à l'arrière de ma jambe et j'entends "lâche". En déséquilibre je me crispe et par conséquent agrippe mon petit sac en toile et mon téléphone pour ne pas tomber. Je me retourne et reçois un coup au visage donné avec l'avant-bras de mon agresseur. Il hurle à nouveau "lâche". Toute choquée je ne comprends toujours pas ce qui est en train de se passer. Je le vois ensuite donner une grosse tape sur la tête de mon bébé. Quel genre d'individu tape un bébé pour un téléphone? Une raclure je suppose. En entendant Princesse hurler je percute que nous sommes en train d'être agressées, que par "lâche" il entend "lâche ton téléphone" et donc je le laisse prendre l'objet qu'il voulait.
Il s'enfuit en courant et grimpe dans la voiture de son pote qui l'attendait un peu plus loin dans la rue.
Sous le choc je pleure en répétant "il a tapé mon bébé". Un homme en scooter, ayant vu la scène de loin s'arrête à côté de moi et me demande s'ils m'ont agressée. Je réponds oui et il file poursuivre la voiture pour relever la plaque. Il revient ensuite à mes côtés et appelle la police.
Pendant qu'il leur explique tout j'arrête une personne dans la rue et lui demande si je peux utiliser son téléphone pour appeler Chéri qui par chance se trouvait à la maison.
Nous avons ensuite été au commissariat porter plainte mais il s'avère que les plaques ne correspondaient pas à la voiture. De toute façon mon agresseur était vêtu d'un jogging noir et d'un sweat à capuche noir, ce qui me fait penser qu'ils cherchaient juste une victime.
Après cela j'ai eu beaucoup de mal, mal à sortir de chez moi, mal à accepter le statut de victime, mal à tolérer les commentaires.
Mon périmètre de sécurité n'en est plus un. J'ai peur quand je sors de chez moi, je regarde sans arrêt par dessus mon épaule.
J'ai dû aussi supporter les commentaires des bien-pensants, pas méchants non mais
- pourquoi tu avais ton téléphone en main?
Bah parce que... Aujourd'hui il est courant d'avoir son portable en main ou dans la poche dans la rue. La question est plutôt "pourquoi ne puis-je pas avoir mon portable en main et être en sécurité"
- pourquoi tu n'as pas réagi?
Je pense que cette question est plutôt faite pour rassurer celui qui la pose. Il se sent "puissant" à base de "moi j'aurais fait...". Sauf que quand ça vous arrive bah c'est différent. Et en plus il est arrivé par derrière. Il m'a fait basculer. La seule chose à laquelle je pensais c'était de ne pas tomber sur mon bébé. Et si j'avais réagi j'aurai juste dit "tiens, laisse moi juste récupérer quelques photos auxquelles je tiens et embarque le, quand j'aurais les moyens j'en achèterai un autre". C'est sûr que je n'aurais pas bataillé pour un téléphone
- pourquoi tu avais ton bébé en écharpe?
Parce que c'est un moyen commode de se balader. Et que mon petit doigt me dit que ça n'aurait pas été plus sûr forcément en poussette, il aurait pu donner un coup dedans et celle-ci se serait retournée et là je n'aurais rien pu faire.
Et la meilleure remarque est attribuée à *collègue de boulot*
- ça t'apprendra à avoir un téléphone qui coûte cher
Téléphone qui coûte cher ou pas, vu qu'il était dans une housse il ne sait pas ce qu'il vole avant de l'avoir en main.
Ce qui me manque le plus c'est les photos qui n'avaient pas encore été synchronisées et qui sont désormais perdues.
Mais on s'en sort bien.
Et puis j'ai pu voir qu'il reste des gens bien, comme le monsieur qui les a suivis, la dame qui sort de chez elle m'apporter une chaise et de l'eau, les policiers choqués par les actes commis.
J'ai eu besoin de très longtemps pour pouvoir en parler ici, et aujourd'hui en écrivant ces mots je pleure encore